dimanche 21 octobre 2012

[Chronique] Vita Imana - Uluh

Marre des nouveautés décevantes de cette rentrée pas terrible, aujourd'hui nous allons nous intéresser à un album sorti au tout début de l'année et que je n'avais pas eu le temps de chroniquer.
Ce groupe vous ne le connaissez surement pas, car Vita Imana vient d'Espagne, chante en espagnol, et n'est absolument pas distribué de ce côté-ci des Pyrénées, autant dire que ce n'est pas demain la veille que le groupe va s'exporter hors de ses frontières, ce qui est bien dommage, car Vita Imana est surement le groupe espagnol le plus bandant de la scène ibérique de ces dernières années, une scène en pleine ébullition et riche de groupes intéressants, à condition de savoir séparer le bon grain de l'ivraie.
Formé en 2005 à Madrid, Vita Imana nous délivre ici avec Uluh son deuxième album, deux ans après son très correct premier essai, En Otro Lugar, qui posait les bases du son particulier du groupe, mais ayant malgré tout du mal à se détacher de ses influences, heureusement, avec ce second album, Vita Imana affirme de plus en plus sa personnalité et gagne en maturité...

Vita Imana, c'est donc du Groove Metal bien gras à tendance tribale, mélange de Power Metal, de Thrash, de Death, aux influences très claires sur le premier album, les premiers Machine Head, Pantera, Sepultura ou encore Lamb of God, et malgré l'ajout d'une bonne dose de sons tribaux, En Otro Lugar, manquant quelque peu de personnalité, n'était qu'un album de plus de Groove Metal bourrin, certes très sympathique mais pas franchement passionnant, heureusement, rassurez-vous, Uluh est différent, donc non, Vita Imana ne deviendra pas un Ektomorf de plus sortant une tripotée d'albums identiques sans intérêt, enfin bon, ils aiment toujours autant Machine Head et Roots, faut pas déconner non plus.
Uluh est donc l'évolution naturelle du son de Vita Imana, moins bas de plafond, et donc évidemment un peu plus élaboré, les ambiances sont bien mieux rendues que par le passé, le contenu se fait plus riche, et surtout, les percussions tribales prennent enfin la place qu'elles méritent, car c'est bien la bonne idée des espagnols, l'emploi d'une percussionniste à plein temps afin d'appuyer encore plus la batterie, et autant dire que d'un point de vue rythmique, avec en plus une basse omniprésente, ça tabasse sévère chez les ibériques.
Parallèlement, Uluh nous emmène également dans un concept ethnico-hippie à la Gojira, sorte de voyage en terre inconnue sur fond de relation entre l'homme et la nature, et pour le coup, Vita Imana maîtrise plutôt bien son concept et ses atmosphères.
L'album est divisé en plusieurs parties distinctes, une intro et quatre premiers titres bourrins, une longue plage atmosphérique/tribales au milieu, le retour des titres directs qui décoiffent, et un ultime morceau très long faisant office de synthèse.
Bref, après la petite intro de rigueur, Vita Imana tape fort d'entrée avec un Animal ultra Heavy et Intense, l'occasion de souligner que Javier cardoso est un putain de bon hurleur, un titre tout en gradation dont le point culminant sera une énorme accélération sur le final, les deux titres suivants, Crudo Invierno et Corpus seront un peu du même tonneau, et malgré une certaine brutalité assez jouissive, constituent une entrée en matière pas super intéressante, ça bourre, bien sûr, mais sans grande originalité, ces trois titres donnent un peu l'impression que Vita Imana avait besoin de s'appuyer sur ses fondamentaux afin de passer à autre chose, car la suite sera bien plus intéressante.
Romper con Todo est donc le premier coup de pied au cul que nous assénera véritablement Vita Imana, longue intro calme et soudain ça t'explose à la gueule, gros riff groovy, rythmique emphatique renforcée par les percussions, tempo rapide, break pour headbanger, tout y est, et c'est foutrement bon.
Malheureusement, là où l'on s'attend à ce que l'album démarre vraiment, c'est déjà le moment de la longue plage atmosphérique, avec 11032011 (taikos II), qui est donc la suite du Taikos présent sur le premier album, et Origen, soit au total plus de sept minutes de mélange d'acoustique et de percussions sur fond de sonorité tribale, je me doute bien que cela fait partie du concept, mais c'est un peu long tout ça, bien trop long, je n'ai rien contre le principe de l'interlude, surtout que c'est plutôt bien interprété ici, mais point trop n'en faut, cela aurait été surement plus digeste avec 3 bonnes minutes de moins.
Heureusement le groupe va vite se reprendre et nous balancer une vraie fusion Metal tribale sur les quatre derniers titres, dont un enchaînement diabolique de trois titres qui décoiffent, les brutaux et directs Quizas no sea Nadie et Craneo, et leurs délicieux breaks atmosphériques, et surtout le gros tube de l'album, Un nuevo sol, qui est une véritable tuerie, un brûlot thrash death groovy hallucinant et intense avec des percussions et un breakdown à vous faire exploser les cervicales.
Le dernier titre, Uluh, qui tape ses dix minutes, est assez particulier, une très longue introduction atmosphérique tout en gradation où l'on sent la pression qui monte petit à petit avant une explosion métallique conservant malgré tout une forte puissance émotionnelle, une sorte de synthèse de tout se que sait faire le groupe, délaissant toutes ses influences souvent pesante pour définir ce qu'est vraiment le Son Vita Imana, et franchement, il serait dommage de ne pas creuser encore plus de ce côté-là par la suite, car c'est surement là que les espagnols peuvent faire la différence sur leurs concurrents.

Même si Vita Imana se détache quelque peu de ses influences avec Uluh, on les sent malgré tout encore un peu trop présentes, et c'est bien dommage, car à l'image de la seconde partie du disque, le groupe est vraiment capable de se sortir les doigts pour proposer un truc vraiment original et plus personnel.
Malgré tout, Uluh est un album profondément sympathique et attachant, ainsi qu'une excellente surprise venant de l'autre côté des Pyrénées, on sent un groupe qui mûrit, les compositions sont meilleures, plus riches de textures, plus profondes aussi, Vita Imana progresse et commence enfin à se construire son propre son et sa propre personnalité, un groupe à suivre de près en tout cas, mon coup de coeur de l'année...

Intense, Tribal, Groovy, un groupe à suivre...
3.5 / 5