mercredi 3 octobre 2012

[Chronique] Caligula - Not too Short to be Great


J'ai toujours eu une tendresse particulière pour les auto-productions, les "petits" groupes qui galèrent, les warriors de l'underground qui se démerdent et qui sortent des disques 100% DIY, en gros, les produits artisanaux, un peu rustiques, certes, mais faits avec amour et conviction.
Le problème avec les groupes qui se lancent sans soutien d'un label, c'est qu'il faut vraiment tomber dessus, un peu par hasard, ou parfois, il faut attendre qu'ils vous tombent dessus, comme ce fut le cas avec le disque qui nous intéresse ici, car aujourd'hui, nous allons parler de Caligula, et de son disque sorti... l'année dernière, comme quoi, mieux vaut tard que jamais, car si je vous parle de ce disque en particulier, c'est qu'il y a une raison, ben ouais, il est bon.
Ah, il y a aussi une autre raison, j'aime bien les trucs barrés/débiles/bizarroïdes, et Caligula jette ici des bases très intéressantes pour l'avenir, après tout, j'ai dit que c'était bon, je n'ai pas dit que c'était parfait non plus...

Bref, Caligula vient de Belgique, et nous offre avec Not too Short to be Great un premier méfait de... pffff j'en sais trop rien.
Certains appelleraient ça du Metal avant-gardiste, mouais, Caligula sent un peu trop la bière et la déconne pour ça, c'est pas du prog non plus, ni du thrash, non, Caligula, c'est plutôt du gros Nawak Metal qui mélange plein de trucs différents, eux appellent ça du Tralala Metal, ça veut dire quoi? aucune idée, mais ils sont belges, alors faut pas trop chercher à comprendre.
Ces belges mélangent donc plein de trucs, du classique, du jazz, du ska, du Mister Bungle (évidemment..), funk, et pas mal de choses empruntés à la musique de jeux vidéos ou aux dessins animés, habillement saupoudrés sur une grosses base métallique, je dis habillement car bizarrement, on ne sombre pas dans un immense bordel inaudible comme on pourrait s'y attendre, les gars maîtrisant plus ou moins leur délire au sein d'un ensemble ma foi assez cohérent, un véritable exploit, surtout pour un premier album, dans ce genre de nawak Metal qui a souvent tendance à partir dans tous les sens.
Heureusement, ce n'est pas trop le cas ici, car malgré l'utilisation d'une tripotée d'ingrédients hétéroclites qu'on ne penserait pas vraiment à mélanger si on était sain d'esprit, les belges délivrent une tambouille assez savoureuse et qui tient la route.
Not too short to be Great, c'est donc, comme son titre l'indique, assez court, un peu plus de trente minutes, pour huit petites petites de tralala Metal délirant, alcoolisé et nourri aux blagues carambar (les paroles sont particulièrement gratinées...), enfin... je dis huit, mais c'est plutôt sept, car l'album commence mal...
Ben ouais, le premier titre, Everyone sucks but us, n'est vraiment pas très bon, il m'a vraiment choqué la première fois que j'ai écouté l'album, car il ne représente absolument pas l'album, ce titre est direct, surchargé, confus, et sonne de manière... étouffé, le chant surtout, y est assez pénible, je me suis même demandé ce que j'étais en train d'écouter, d'ailleurs, un joli bruit de chasse d'eau vient conclure tout ça, comme quoi...
Mais rassurez-vous, ce sera le seul moment un peu moche de l'album, car par la suite la qualité sera en constante augmentation jusqu'à la fin, et ça démarre dès le titre suivant, Bitte Gedulden Sie Sich Einen Augenblick!, et là, c'est le miracle, tout se retrouve plus aéré, avec un son de basse audible et des claviers enfin utilisés à bon escient, en fait, le "vrai" premier titre, il est là.
Par la suite, c'est un peu la distribution de friandise belge qui débute, avec un Rackham the Red de folie, ambiance pirate bourré, grosse accélération Black/Death avec les growl qui vont bien, et d'invraisemblables notes de claviers déglingués, d'ailleurs ce sera assez récurrents, sur le reste de l'album, les claviers se font discrets et déboulent régulièrement de nulle part histoire de rajouter une bonne dose de bizarrerie, sur Thrashing puppies par exemple, un titre direct Thrash flirtant avec le Death, qui doit faire mal aux cervicales en live, avec notamment des passages atmosphériques au piano rappelant Arcturus.
En fait, il est là le défi constant de Caligula, ce groupe se doit de constamment proposer quelque chose qui sort des sentiers battus afin de surprendre, sinon leur tambouille ne prend pas et on se retrouve avec Everyone sucks but us, globalement, il réussissent assez bien leur entreprise, changements de rythmes, breaks de l'espace, accélérations rageuses, tout y passe, avec pas mal de maîtrise, car tout s'imbrique bien, les belges y vont même de leur tube à eux, avec Hard Rock and Roll, qui comme son nom l'indique, est une bombe... Ska, une véritable tuerie, surprenante et remplie de breaks.
Du coup, le titre suivant apparaît un peu fade, Threatened by your slip, sorte de marche militaire en plein milieu d'une fête foraine cradingue, est un poil longuet et ne propose pas vraiment de moments mémorables, la faute à un petit manque de dynamisme, tout le contraire du titre final, The Great supervillain, où l'on retrouve un Caligula conquérant carburant au crack, c'est là où il est le meilleur.
Malgré tout, tout n'est pas parfait, ce serait trop beau, la production déjà, un peu limite, ça pourrait être mieux sur ce point-là, mais ça reste plus que correct pour une auto-production, le son est brut, mais tout est audible, c'est le principal, par ailleurs, même si les différents éléments s'imbriquent assez bien entre eux, certaines transitions sont un peu brusques et manque de fluidité, certains trucs arrivent un peu de nulle part comme un cheveu sur la soupe, ce ne sont bien sûr que des détails, car la qualité technique est là, le songwritting est solide, avec un groupe qui sait où il va et qui évite de trop partir dans tous les sens, un très bon point pour un premier album.

Bref, Caligula délivre avec Not too Short to be Great un très bon premier album qui mérite qu'on s'y attarde un peu, à condition d'avoir l'esprit un peu ouvert, car derrière une production brute de décoffrage se cache un groupe qui déborde d'idée et de qualité, avec une très bonne maîtrise technique.
Bien sûr, il a quelques défauts, comme n'importe quel premier album, mais les bases sont là et il ne reste plus qu'à peaufiner tout ça, en tout cas, si vous aimez les délires schizophréniques et l'humour potache sur lequel plane l'esprit de Mister Bungle, Caligula se pose en sérieux outsider de la scène Nawak Metal, surtout que le groupe bosse en ce moment sur un nouvel album et vous propose un nouveau titre, No Luck No Glory, très prometteur.

Tralala Metal délirant et plein de promesses...
3.5 / 5



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